Que de queues

L’image est suffisamment saisissante pour qu’on s’y arrête quelques instants. Depuis la première version de l’iPhone, commercialisée par Apple en 2007, l’histoire se répète inlassablement : des queues interminables de fans en rut se forment des heures, voire des jours durant, avant la sortie officielle dudit téléphone. Nous en sommes à la quatrième version, et la tendance ne semble pas s’inverser !

Pourquoi de telles queues ?

Pour faire partie des premiers à posséder cette petite merveille technologique (dont je suis l’heureux propriétaire, ceci dit en passant).

Mais à quoi bon être le premier ?

Excellente question, à laquelle je n’ai pas de réponse. Chacun invoquera « sa » raison. Pour ma part, je pense qu’il doit certainement s’agir d’une sombre histoire de fierté ou d’unicité jouissive à l’idée de posséder l’objet, qui est paradoxalement tout sauf unique. À défaut d’être le premier de classe, ou le champion de sa propre vie, on devient le premier geek à posséder l’objet que tant de personnes désirent. On est en quelque sorte un surhomme de la technologie. C’est effectivement plus facile d’être le « tout-puissant-qui-possède-un-iphone » et ça demande assurément moins d’efforts intellectuels ou manuels qu’être performants dans les autres domaines (professionnels, sportifs, associatifs ou artistiques, par exemple).

En fait, la production individuelle et le développement personnel laissent place à la consommation de masse.

Autre époque, autre queue, mais toujours dans l’idée d’une consommation : la queue pour obtenir à manger, lors de la 2^e guerre mondiale. La comparaison visuelle, bien qu’évidente, s’arrête là. Entre 1939 et 1945, on « queutait » pour se nourrir. Aujourd’hui, cette nourriture n’est plus alimentaire, encore moins intellectuelle.

Dernière image, dernière comparaison : une queue pour avoir de l’eau. L’image date de 2008. Une façon de se rappeler que les richesses du monde sont toujours inégalement réparties et qu’au XXIème siècle, malgré ce que certains peuvent penser, on fait toujours la queue pour se nourrir.